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Équité alimentaire en région Centre Val de Loire et en France

Justice, démocratie alimentaire et alimentation durable : Quelles congruences par Geneviève PIERRE (CEDETE, université d’Orléans)

L’approche de l’alimentation durable et des systèmes alimentaires durables proposée dans ce volet du programme PATAMIL cible la mise en place d’actions de solidarités alimentaires, en distinguant les « solidarités démocratiques » (réciprocitaires et valorisant l’autonomie des personnes) des « solidarités philanthropiques » plus verticales (Laville, 2010)[1] de l’assistance alimentaire.  Ces réflexions convoquent les notions de justice alimentaire, de démocratie alimentaire et d’alimentation durable, notions fortement inter-reliées mais pas totalement congruentes.

L’alimentation durable telle que nous l’entendons dans le programme PATAMIL propose une approche systémique – interconnectant les enjeux de production, de transformation, de modes de distribution, de consommation (D. Paturel et M. Ramel, 2017) –  en réaffirmant la nécessité de considérer l’ensemble de pratiques et de choix alimentaires qui respectent des critères environnementaux, éthiques (accessibilité pour tous à une alimentation de qualité ; rémunération équitable des agriculteurs ; respect du bien-être animal…), et de santé (qualité nutritionnelle et sécurité sanitaire (Redlingshöfer, 2006). La démocratie alimentaire qui revendique le droit à l’alimentation durable pour tous a été définie par Tim Lang (1999) comme la possibilité pour les citoyens de décider de façon autonome, non descendante, de leurs choix d’alimentation et de mettre en place des actions, des filières alimentaires, qui convoquent l’ensemble des parties prenantes (producteurs, transformateurs, distributeurs, consommateurs), en évitant les rapports d’asymétrie, pour favoriser la participation, la prise de décision des citoyens, y compris lorsqu’ils sont en situation de précarité alimentaire. La démocratie alimentaire (Balbot et al, 2020) croise les notions de droit à l’alimentation avec celle de  solidarité alimentaire, particulièrement dans ses dimensions territorialisées (Bodiguel, 2019 ; Darrot et Noël, 2018) et avec des objectifs de durabilité (Ndiaye et Paturel, 2017), d’alimentation responsable (Dubuisson-Quellier, 2018) et d’autonomie (Pimbert, 2009). Cette approche suppose de réinterroger les modes de gouvernance[2] alimentaire dans les dynamiques territoriales de « relocalisation », dont les PAT (Lardon S et Loudyi S., 2016 ; Billon Camille, 2017).  Alors que, selon D. Paturel (2020), le concept de démocratie alimentaire englobe celui de justice alimentaire, C. Hochedez et J. Le Gall (2016) pointent les enjeux de gouvernance démocratique alimentaire, au sein desquels des citoyens (et des collectivités) se saisissent de l’alimentation comme une condition de la justice alimentaire et comme un projet politique pour décider des choix d’alimentation et mettre en œuvre des filières adaptées à ces choix (T. Lang, 1999 ; Renting et al, 2012 ; Arc Lascaux, 2014 ; Paturel et Carimentrand, 2016). Selon ce point de vue, la démocratie alimentaire relèverait d’un champ d’analyse critique  autour de l’organisation de l’aide alimentaire, insistant sur les processus de gouvernance.

Fortement marquée par une approche anglo-saxonne, souvent militante et critique (food movement), la notion de justice alimentaire fait l’objet d’une effervescence scientifique récente en France (Toussaint, 2017), voire d’un intérêt de la part de certains responsables politiques (discours de G. Garot lors des États Généraux de l’alimentation en 2017). Côté anglo-saxon, notamment américain, l’approche est ciblée sur les conditions d’accès à l’alimentation pour des consommateurs urbains précarisés sans trop aborder les liens avec une agriculture urbaine économiquement productive (Alkon, 2012 ; Slocoum et Cadieux, 2015). Julie Le Gall et Camille Hochedez (2016, op.cit.) rappellent que les ressources agricoles constituent le socle des systèmes alimentaires et un rééquilibrage des propositions de recherche entre production et consommation permettrait de reconnecter la notion avec la base des systèmes alimentaires. Sans remettre en cause la définition de Gottlieb et Joshi (2010)[3]qui rappelle l’encastrement des pratiques alimentaires dans les inégalités socio-spatiales structurelles localisées, les deux autrices préfèrent utiliser la notion de justice agri-alimentaire (Ibid.). Plus ancrée spatialement, la notion privilégie une approche équilibrée entre les exigences de justice socio-économique pour les producteurs agricoles et celles d’accessibilité à une alimentation de qualité pour les consommateurs défavorisés, sur l’ensemble des filières localisées. Par ailleurs, faciliter l’accès pour tous à une alimentation de qualité implique de réfléchir autant à ses différentes dimensions (nutritionnelles mais aussi sociales, culturelles, hédonistes également) qu’à la participation de toutes les populations (y compris les plus précaires) aux décisions et initiatives alimentaires (capacité d’empowerment : autonomisation, capacité de décision et d’agir). Ainsi, la notion d’« agri-alimentaire » ne se résume pas qu’à un problème d’accessibilité financière ou de distance (désert alimentaire), ni à une question d’insécurité alimentaire (alimentation suffisante et saine, de qualité). Elle fait en sorte que l’amélioration de l’accès pour tous à une alimentation de qualité se fasse de façon juste. Les éléments qui composent la notion de justice agri-alimentaire se répondent : la sécurité alimentaire des consommateurs (notamment défavorisés) procèderait d’une amélioration de la justice alimentaire, là où ils habitent, ce qui suppose d’agir sur les inégalités structurelles qui façonnent les systèmes alimentaires. La justice alimentaire concerne la capacité à avoir accès à une alimentation de qualité grâce à des processus de gouvernance favorisant l’empowerment des populations pour exercer une citoyenneté alimentaire et agricole (Lyson, 2004 ; Renting et al, 2012) privilégiant des systèmes d’aide alimentaire qui préfèrent la justice à la charité (Paturel 2020 ; Retière et Le Crom, 2018) et qui reconnectent les difficultés de certains agriculteurs avec des besoins alimentaires locaux mal satisfaits (Paturel et al, 2015 ; Marescot, 2019). À ce titre, l’éducation à l’environnement et l’éducation nutritionnelle sont primordiales pour augmenter les compétences des citoyens sur les systèmes alimentaires (Levkoe, 2006 ; Alkon et Agyeman, 2011 ; Paddeu, 2012 ; Hochedez et Le Gall, 2016).

Mais comment mettre en place et favoriser la justice alimentaire localement, au sein de systèmes alimentaires durables ? Question d’autant plus complexe que la justice alimentaire est une notion au périmètre flou : sur quels critères définir la justice alimentaire, quel mode d’évaluation et par qui ? Voilà pourquoi notre regard va plutôt pointer la mise en place d’actions de solidarités alimentaires (« démocratiques » ou « philanthropiques ») dans les territoires, y compris dans les actions inscrites dans  les PAT (Pays des Châteaux). Mais avec deux questions reliées :

  • Quels systèmes alimentaires pour plus de justice alimentaire ? Système alimentaire durable et/ou juste[4] (Toussaint-Soulard, 2017 ou 2018) ? Cela invite à pointer la dimension territoriale dans la notion de justice alimentaire et à envisager la capacité des systèmes alimentaires alternatifs et relocalisés à répondre à cet enjeu.
  • Quel rôle de l’agriculture et de l’alimentation dans la réduction des inégalités locales ?     

Dimension encore très peu abordée dans les dispositifs de relocalisation alimentaire, la caractéristique de la précarité alimentaire étant la relative invisibilité des « précarisés ». Pour autant, les dispositifs caritatifs qui luttent contre les phénomènes d’exclusion et d’inégalités restent limités par des sources d’approvisionnement alimentaires peu axées sur les produits de qualité, frais, locaux, labélisés (Paturel, 2013 ; Le Velly, 2017). Plus généralement, cette question est souvent esquivée pour son caractère politiquement non consensuel. Car si le rôle de l’agro-alimentaire se révèle faible dans la réduction des inégalités locales, on pourrait penser qu’on met la charrue avant les bœufs et qu’on devrait d’abord établir de profondes réformes sociales avant de travailler à la justice alimentaire : pas de démocratie alimentaire sans démocratie égalitaire, en quelque sorte. La question se pose particulièrement dans la société indienne, marquée par d’énormes écarts socio-économiques et des hiérarchies de pouvoir très marquées. La question alimentaire doit donc être un outil de justice sociale et non point seulement un objet : voilà qui renforce les enjeux du projet PATAMIL.

De fait, un recul critique nous invite à dépasser le présupposé selon lequel les systèmes alimentaires relocalisés sont forcément justes sur le plan social[5] (R. Slocoum et al., 2011) et à nous départir du fétichisme du local qui est parfois un « leurre » (Toussaint-Soulard, 2017). Les exemples dans lesquels des systèmes alimentaires relocalisés favorisent certains publics au détriment des plus défavorisés (H. Leloup) ou juxtaposent deux modèles alimentaires aux qualités très inégales dans l’espace (A. Beischer et J. Corbett) sont nombreux, montrant que, dans les territoires de « l’alternative  Food », souvent l’apanage des catégories aisées (Laisney, 2013), certaines populations restent déconnectées de la ressource locale. Au-delà de l’aspect économique et financier, la proximité géographique ne garantit pas la fréquentation des nouveaux circuits alimentaires par les populations défavorisées. Une fausse proximité (Maccintock et al, 2018) s’installe lorsque la proximité spatiale n’est pas relayée par une proximité sociale et culturelle, l’alimentation étant encastrée dans des pratiques, des habitudes culturelles et des inégalités sociales locales. Il ne suffit pas qu’un marché de producteurs soit présent à proximité, et abordable en termes de prix, pour que les populations défavorisées et/ou non habituées à ce type de magasins, s’y rendent[6]. En Inde du Sud, alors que les personnes diplômées redécouvrent les vertus nutritives des millets, alimentation jusque-là méprisée, les ménages défavorisés privilégient souvent encore le riz blanc, nourriture de haute caste/classe à laquelle elles n’avaient pas toujours accès jusqu’à peu.

Pour autant, des dynamiques solidaires relèvent bien de systèmes alimentaires relocalisés. D’autres systèmes que les circuits-courts et la vente directe existent également (Paturel et Ramel, 2017, op.cit.) : actions de glanage communautaire (Beisher et Corbett, 2016), d’agriculture urbaine (Hors et al, 2017), d’éducation à la nutrition (Hochedez et Le Gall, 2016) ou d’entreprises sociales alimentaires (Lanciano et al, 2017). Ainsi, des partenariats ont été constitués en Rhône Alpes entre les BIOCOOP et les épiceries sociales et solidaires (Lapoutte A. et al., 2017). Le projet SOLALTER (2012-2015 ; Solidarités Alimentations Territoires en Bretagne) peut nous donner une indication sur une diversité de démarches possibles dans les territoires (Noel J. et Darrot C., 2018) sur la contribution de 43 initiatives en circuits-courts alimentaires agri-urbains au champ du développement social durable (AMAP et jardins collectifs urbains).

Dans ce contexte, quelles peuvent être les conditions permettant un meilleur accès de tous les habitants (y compris défavorisés) à une alimentation durable, dans toutes ses dimensions (sociale, nutritive, environnementale et culturelle, saine et de qualité, répondant aux politiques publiques actuelles fixées en France par la LAA de 2014 (PAT) et par le PNAA (2019-2023), et associant (ou non) relocalisation et équité ?

Quels sont les possibilités et les exemples développés et à développer en Région CVL et transposables ailleurs (Noël et Darrot, 2018, op.cit. ; Saleilles et Lapoutte et al, 2017, op.cit.)? De quelles expériences s’inspirer pour mettre en place un système alimentaire durable et juste sur les territoires ? Dans le projet PATAMIL, il s’agit d’observer comment, dans les PAT locaux – et le programme PATAMIL prend l’exemple du PAT du Pays des Châteaux – les actions solidaires peuvent construire un système alimentaire unifié, local, de qualité et équitable ainsi que dépasser la conception de l’assistance alimentaire assignant les plus pauvres à « un deuxième marché alimentaire » des surplus du gaspillage, des invendus. De quelles expériences extérieures s’inspirer et comment les actions menées en Centre Val de Loire peuvent-elles faire écho, voire être transposables à d’autres contextes ? Cette question devient un enjeu de plus en plus pressant dans l’action publique locale, régionale et nationale, dont  la prise de conscience a été accélérée par la COVID 19 (multiplication de séminaires autour de la précarité alimentaire, de l’équité d’accès à l’alimentation ; engouement pour les circuits-courts, au moins sur le moment). Ainsi, des circuits-courts alimentaires peuvent inscrire des paniers solidaires dans leurs démarches (nouvelles formes de solidarités dans les AMAP), les épiceries solidaires peuvent être alimentées par les plateformes de produits locaux et/ou de qualité dans l’accès à une alimentation de qualité et choisie (exemples des actions menées par l’ANDES, projet UNITERRES associant agriculteurs fragilisés et populations précarisées).

 

Deux niveaux d’analyses sont proposés :

            Dans un premier temps, il s’agira de repérer un ensemble de pratiques de solidarités alimentaires en région Centre Val-de-Loire en distinguant celles qui relèvent de la solidarité démocratique de celle qui procèdent de la solidarité philanthropique. À partir des territoires laboratoires du Pays des châteaux et du PETR Centre Cher, permettant d’illustrer la dimension territoriale dans les efforts menés vers plus de la justice alimentaire, il s’agira de  (i) cibler des enquêtes plus qualitatives sur ces actions de solidarité dans une réflexion sur les systèmes alimentaires durables, (ii) de caractériser le poids et la nature des réflexions de solidarité alimentaire dans la mise en place des PAT et plus particulièrement, de ceux du pays des Châteaux[7] et du PETR Centre-Cher, (iii) de réaliser une typologie des actions menées (inspirée en partie de Noel et Darrot, 2018, op.cit.) en fonction des caractéristiques incluant les  trois dimensions de la justice alimentaire (assurer une alimentation nutritionnelle, gustative, socio-économique de qualité ; améliorer l’accès spatial, socio-culturel et financier à l’alimentation de qualité ; lutter contre les inégalités structurelles par l’éducation, l’inclusion, l’autonomisation; voir FRUGAL, PSDR 4, 2017) et ce (iv) en y ajoutant la dimension de l’ancrage des produits au territoire et du poids des produits « locaux » dans ces dynamiques organisant éventuellement des proximités entre producteurs et consommateurs.

            Dès lors, il sera possible d’établir une grille de catégorisation des actions de solidarité, figurée sous forme de diagramme-radar : une branche reflétant les modalités de mobilisation : mobilisations citoyennes ascendantes ou impulsion descendante par les acteurs publics ;  une autre branche l’empowerment des publics bénéficiaires (assistance aux personnes ou dynamique d’autonomisation), une également « l’ancrage au territoire » : produits génériques en filières longues ou produits locaux, une encore l’accessibilité des produits : qualité (y compris bio), diversité de choix, une enfin le contexte « alimentaire » dans lequel les actions sont menées : quelle diversité d’offre alimentaire locale en général ?    

 

[1] Solidarité philanthropique : est verticale, inégalitaire, non participative et non réciprocitaires, créant ou entretenant une dépendance et qui légitime et perpétue en quelque sorte les inégalités via un système où les riches donnent aux pauvres sans questionner les racines des inégalités et les moyens de les réduire.

Solidarité démocratique : elle peut être re-distributive (État) ou privée, basée sur l’égalité et la réciprocité notamment développée dans les structures de l’ESS. Remettre au centre du dispositif le bénéficiaire, en dépassant le fonctionnement de l’aide alimentaire. Passer de bénéficiaire passif à partenaire….

[2] Gouvernance alimentaire : ensemble coordonné de règles, de processus formalisés ou non, par lequel tous les acteurs (publics et privés) concernés participent à la décision et à la mise en œuvre d’actions collectives autour de « l’enjeu alimentaire » (de la production à la consommation), conduit à l’échelle des territoires.

[3] « Partage équitable des bénéfices et des risques concernant les produits et la façon dont la nourriture est produite, transformée, transportée, distribuée, accessible et mangée ».

[4] Mettant la focale sur des populations défavorisées et souvent très peu autonomes dans leurs choix alimentaires car dépendantes de système d’assistance alimentaire qui leur laissent peu de pouvoir…

[5] Selon Mundler et Roudier, 2016 : les systèmes alimentaires alternatifs et les CCP matérialiseraient des signes de reconquête de la question alimentaire au travers de réorganisions spatiales dans les processus de qualification et de gouvernance de la production agricole : proposent une large revue de littérature sur ces sujet…

[6] Mundler et al (2013) montrent que, malgré des prix tout à fait compétitifs par rapport aux marchés et à la GMS, les AMAP peinent à s’ouvrir socialement, y compris quand elles optent pour une stratégie de prix bas pour les populations défavorisées.

[7] D’après le Suivi et support des dynamiques de Projets Alimentaires Territoriaux en Région Centre-Val de Loire, Rapport d’étude 2020 (InPACT, RESOLIS), 24 p. https://www.pat-cvl.fr/actualites/suivi-et-support-des-dynamiques-de-pat-en-region-cvl-rapport-2020/

Initiés par la LAAF du 13/10/2014, les PAT seraient 210 PAT identifiés aujourd’hui en France, contre 500 attendus initialement pour 2020. L’objectif de développement des PAT a été réaffirmé par le PNA 2019-2023, avec au moins un PAT soutenu par le PNA et financé par le MAA, par département, d’ici 2023.

Parallèlement, La Région Centre-Val de Loire s’est engagée dès 2013 sur la reterritorialisation de son agriculture et la relocalisation de l’alimentation de ses habitant·e·s. En parallèle de son Programme Régional pour une Agriculture Durable (PRAD), elle a voté son « Plan régional pour la consommation de produits alimentaires de la région ». Prenant en compte les acquis de ce plan et la demande croissante en faveur de la réappropriation de l’alimentation par les citoyen·ne·s, la région s’est dotée d’une stratégie alimentaire le 2 juillet 2017. Dès sa création, cette stratégie régionale s’est construite autour d’un axe central d’accompagnement à l’émergence progressive de systèmes alimentaires territorialisés, aujourd’hui incarnés par le dispositif PAT. La Région a défini 7 critères de reconnaissance des PAT, publiés le 9 avril 2019 lors du premier Comité Régional de l’Alimentation (instance de gouvernance du PNA régional créée par la loi EGAlim de 2018), et qui donnent des orientations pour que les PAT puissent bénéficier des fonds de subvention régionaux répondent aux ambitions de la stratégie régionale de l’alimentation. En effet, une partie des Contrats Régionaux de Solidarité Territoriale (CRST) dont bénéficient les territoires de projets et collectivités sont orientés vers l’émergence de PAT. Ces critères sont les suivants et le critère de démocratie alimentaire, associé à la mise en place de systèmes alimentaires plus durables, en fait partie:

  1. de gouvernance territoriale et plurielle,
  2. d’échelle de bassin de vie pour la mise en place du projet,
  3. de diagnostic partagé,
  4. de prise en compte de l’environnement dans les objectifs et actions,
  5. de développement de l’économie locale passant par des circuits courts de proximité,
  6. de réponse aux enjeux agricoles en termes de foncier, de pérennisation des exploitations et d’agroécologie, et
  7. de démocratie alimentaire

Actuellement le PAT du Pays des châteaux est, avec celui du PNR du Perche, le seul qui ait commencé la phase opérationnelle  de mise en place des premières actions du PAT. Il est donc le plus avancé de la Région et au total, en Région, ce sont 23 territoires locaux sur 35 qui ont la volonté de mettre en place un PAT sur leur territoire (catégories 2 à 5), soit les deux tiers ; + 2 PAT départementaux.

Fin 2020, en Région CVL, 2 projets avaient obtenu la labellisation PAT de l’État, celui du Pays des Châteaux et le Mangeons Loiret. Seul le projet du Pays des Châteaux a été reconnu par la Région comme étant en adéquation avec les 7 critères qu’elle a définis pour labéliser les PAT, dans son comité régional de l’alimentation. Par contre, dans ce PAT comme dans les autres, la dimension « d’équité sociale » semble être le parent pauvre.

En 2020, la première journée d’orientation des PAT en Région CVL avait pour thématique « l’accessibilité sociale alimentaire ». Identifiée en 2019 comme la dimension défaillante de la majorité des projets en émergence en région, l’objectif était de mieux sensibiliser les acteurs du territoire et d’orienter les porteurs de projets dans la mise en place d’actions favorisant l’accès d’une alimentation de qualité à tou·s·tes. La crise du Covid a accentué cette préoccupation, et de très nombreuses initiatives d’accessibilité alimentaire se sont vues renforcées lors du premier confinement. La plupart de ces dispositifs d’urgence n’est pas liée à un plan d’action systémique ou à une réflexion globale sur la qualité de l’alimentation. Cependant, fin 2020, nous avons recensé 7 initiatives, plus ou moins avancées, en lien avec des PAT, permettant d’envisager le déploiement d’actions pour le développement de l’accès aux plus modestes et aux concitoyens isolés des produits locaux de qualité. Ces actions sur l’approvisionnement local de qualité des associations d’aide alimentaire, des épiceries solidaires ou des CIAS auront l’opportunité d’être renforcées en 2021 notamment dans le cadre du plan de relance et son axe « Aider les acteurs de l’alimentation locale à en généraliser l’accès : alimentation locale solidaire ».

 

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Inégalités alimentaires, circuits courts et actions solidaires

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MANGIN Gaëtan, ROY Alex, 2023, « Sobriété : et si l’on s’inspirait de ceux et celles qui la pratiquent au quotidien ? » The Conversation, 26 janvier 2023, https://theconversation.com/sobriete-et-si-on-sinspirait-de-ce…%20ceux%20et%20celles%20qui%20la%20pratiquent%20au%20quotidien

 

RADE É., LEON O., 2022, «Aide alimentaire : une fréquentation accrue des centres de distribution dans les grandes villes les plus exposées à la pauvreté début 2021», Études et Résultats n° 1218, février 2022.

 

SECOURS CATHOLIQUE, 2022, État de la pauvreté en France 2022. À l’épreuve des crises. Enquêtes sur les budgets des plus précaires, Secours Catholique Caritas France, 168 p., https://www.secours-catholique.org/m-informer/nos-positions/notre-etat-de-la-pauvrete-en-france-2022

 

YON Mathieu, 2022, « L’hégémonie des grandes surfaces a repoussé les paysans à la marge du marché alimentaire », Reporterre, 9 novembre 2022, https://reporterre.net/Prendre-en-main-la-distribution-alimentair…m_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=nl_quotidienne

La pauvreté en milieu rural

2022 https://www.rural21.com/francais/actualites/detail/article/methode-amelioree-de-mesure-de-la-pauvrete-en-milieu-rural.html?no_cache=1

 

2021 Moins de pauvres en milieu rural. Exemple de la région Centre val de Loire https://www.insee.fr/fr/statistiques/5891108

 

2021 Des plutôt que la pauvreté en milieu rural : https://comptoir.org/2021/10/19/la-pauvrete-rurale-francaise-un-phenomene-social-invisibilise/

 

2020 estimation du taux de pauvreté par l’INSEE : https://www.insee.fr/fr/statistiques/4964147

 

2020 la pauvreté en milieu rural : https://www.cairn.info/revue-pour-2010-2-page-7.htm

 

2019 Des pistes pour mieux déceler la pauvreté en milieu rural https://www.uqar.ca/nouvelles/uqar-info/3018-des-pistes-pour-mieux-deceler-et-contrer-la-pauvrete-en-milieu-rural

 

2019 Pauvreté et précarité en milieu rural http://caprural.org/co-construire/chantiers-en-cours/6581-pauvrete-et-precarite-en-rural-2

 

2018 Que faire pour lutter contre la pauvreté rurale ? https://www.lagazettedescommunes.com/549125/que-faire-pour-lutter-contre-la-pauvrete-rurale/

 

2018 Comment mesurer la pauvreté : https://adsv.fr/comment-mesurer-la-pauvrete/

 

2018 pauvreté et intervention sociale en milieu rural https://www.erudit.org/fr/revues/nps/2018-v30-n1-nps03972/1054258ar/

 

2017 Milieu rural, la face cachée de la pauvreté (Secours populaire) : https://www.secourspopulaire.fr/zones-rurales-la-face-cachee-de-la-pauvrete

 

2015 Une pauvreté plus prégnante en milieu rural qu’en milieu périurbain, https://www.insee.fr/fr/statistiques/1285523

 

2015 pauvreté et précarité en milieu rural : https://www.cairn.info/revue-pour-2015-1-page-35.htm

 

2014 les publics invisibles socialement : les pauvres en milieu rural http://www.caprural.org/etudes/3123-les-publics-invisibles-socialement-les-pauvres-en-milieu-rural

 

2011 la pauvreté en milieu rural : https://books.openedition.org/pumi/6570

 

2009 Pauvreté, précarité, solidarité en milieu rural : https://www.vie-publique.fr/sites/default/files/rapport/pdf/094000616.pdf

 

2009 https://www.cnle.gouv.fr/IMG/pdf/Note_de_cadrage_GT_Fnars_pauvrete_en_milieu_rural.pdf

 

2005 la pauvreté en milieu rural. Entretien avec Pagès : https://www.place-publique.fr/index.php/solidarite/la-pauvrete-en-milieu-rural/

 

2001 pauvreté et exclusion en milieu rural français : https://journals.openedition.org/etudesrurales/71